Page 5 - theramene 110
P. 5
Théramène n° 110
Festival d’Avignon : témoignage
Par Odette Miquel, présidente des Théâtrales de Verfeil
Avignon et son festival ! quand j’étais jeune, j’en rêvais. Mais la vie familiale a ses impératifs !
Il y a maintenant presque 30 ans que je fréquente ce festival de manière assidue. Au début, un marathon, peu de jours de pré-
sence et des spectacles qui s’enchainent pour profiter au maximum
de la programmation à la fois dans le in et le off. Bien sûr, impos-
sible de tout voir et pourtant des envies, presque de la « boulimie
théâtrale ». Au fil des ans, avec l’âge on devient plus raisonnables
car la fatigue vient supplanter le plaisir. Maintenant, depuis plusieurs
années, c’est la semaine entière que mon mari et moi profitons du
festival. Une semaine, cela permet de respirer entre deux spectacles,
de s’asseoir à la terrasse d’un café ou sous le chapiteau du off pour
profiter de l’ambiance festive, des déambulations des comédiens, de
consulter le programme, lire les critiques pour orienter son choix.
Avignon, c’est le spectacle dans la rue ! marcher sans se faire accos-
ter par un comédien qui vous présente son spectacle tient de la
prouesse ! et c’est un bonheur d’écouter ces porteurs de tracts vous
convaincre d’aller voir leur prestation.
Depuis toutes ces années, la programmation du off s’est considéra-
blement élargie (1664 spectacles en 2024) si bien que nous délais-
sons le IN à son profit pour des raisons de coût surtout. Le off avec
sa carte d’abonnement pratique des prix plus raisonnables. En
même temps que la programmation a enflé le nombre de théâtres
participants a grossi et pour beaucoup sont devenus plus confor-
tables. Je me souviens de séances sur des bancs dans une atmos-
phère étouffante dans de tout petits espaces aménagés de bric et de
broc. Aujourd’hui, il y a souvent la climatisation dans les salles et
des fauteuils plus ou moins confortables. Mais ces dernières années,
dans les files d’attente, on parle de moins en moins avec les autres
spectateurs, les échanges se font plus rares alors qu’autrefois on
échangeait beaucoup plus sur les spectacles : « Vous avez vu quoi ?
Je vous conseille…, c’est à ne pas manquer ! »
La faute aux réservations par internet ! Beaucoup arrivent en Avi-
gnon avec un programme tout réservé. Plus besoin de conseils
donc ! Et aussi plus besoin d’écouter le comédien qui tracte ! et le spectateur qui n’a pas réservé peut être privé de son spec-
tacle qui affiche complet parfois plus
d’une semaine. « Le coup de cœur » du
spectateur en prend un coup ! Dom-
mage ! mais le choix est tellement
large…
Je me plie donc à ces nouvelles mé-
thodes de réservation tout en laissant la
place dans mon programme à l’improvi-
sation pendant la semaine. Mais c’est
l’ambiance du festival qui, à la longue
risque de pâtir de cela.
Le théâtre amateur a une toute petite
place dans ce festival mais malgré un
budget conséquent il y est présent
chaque année. C’est en Avignon que j’ai
vu « Le Horla » que nous avons présenté
aux Théâtrales, La cie LéZardiZebscène
y a joué « en Fourrière » un spectacle de
cette année, était présente aussi la Cie La Réplique avec « Diplomatie ». Il y a bien longtemps j’avais aussi vu un spectacle qui
avait obtenu la masque d’or.
Allez en Avignon ! C’est le début des vacances et plongez dans ce bain théâtral ! Il nous enrichit et à la fois nous rend humbles,
nous les amateurs.
Odette Miquel
5