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Théramène n° 110



                 Une brève histoire du festival d’Avignon


           cœur de leur démarche la rencontre entre la création artistique et un large public. Dès le
           début de leur mandature, ils s’installent en Avignon et resserrent les liens du festival avec
           son territoire, ses partenaires locaux et développent des actions toute l’année destinées au
           public de la région. Une autre nouveauté de leur projet consiste à associer un ou deux ar-
           tistes  à  la  préparation  de  chaque  édition  :  en  2004  avec  Thomas  Ostermeier  de  la
           Schaubühne  de  Berlin,  en  2005  avec  l’artiste  anversois  Jan  Fabre,  en  2009  avec  Wajdi
           Mouawad, en 2011 avec le metteur en scène britannique Simon Mc Burney. Si chaque édi-
           tion est différente des autres, fondée sur une diversité des regards, la création contempo-
           raine reste au centre du festival et de sa programmation.

           2014-2022  :  En 2013, Olivier Py devient le premier artiste à diriger le festival depuis Jean
           Vilar. Il veut pouvoir ouvrir avec ses contemporains un dialogue politique et poétique sur la
           vie de tous dans la cité. Il décide d’affranchir la manifestation de ses frontières tradition-
           nelles. Ainsi naît la « décentralisation des 3 Kilomètres » qui a pour but de rendre le festi-
           val accessible au plus grand nombre. Il met en place une programmation itinérante qui re-
           noue avec le théâtre de tréteaux. En adéquation avec les nouveaux outils et usages numé-
           riques, la direction décide d’être actrice de la révolution numérique. Elle développe site in-
           ternet, réseaux sociaux, web tv.

           Tiago Rodrigues a succédé à Olivier Py en septembre 2022 pour un mandat de quatre ans
           renouvelables. C’est le premier artiste étranger à diriger le festival. Il s’est donné pour mis-
           sion de donner à voir les œuvres des grands noms de la création contemporaine nationale
           et internationale. Il souhaite penser le festival à la manière d’un laboratoire afin d’éclairer
           l’avenir par son histoire et son patrimoine culturel et théâtral, s’engager pour l’éducation et
           la citoyenneté avec  un ancrage  territorial  fort  et vivifié, travailler à une idée de  l’Europe
           culturelle diverse, innovante, solidaire et ouverte au monde.

                                                                                   Marie-Noële Darmois



                        Rencontre avec Pierrette Dupoyet

                                      au festival d’Avignon





                                            Dans les rues à l’est d’Avignon se dresse le petit théâtre Buf-
                                            fon,  cour  d’immeuble  bucolique  où  les  tables  dressées,
                                            l’ombre des feuilles et les portes de garages font croire à un
                                            vrai  cabaret  improvisé.  Je  m’introduis  dans  une  petite  salle
                                            de  quelques  dizaines  de  personnes  et  la  magie  opère.  Je
                                            viens assister à la dernière création de Pierrette Dupoyet, ar-
                                            tiste prolifique engagée, habituée du festival off où ses créa-
                                            tions prolifèrent depuis plus de 35 ans. Artiste globe-trotteur,
                                            elle voit le théâtre comme pont irremplaçable entre les être,
                                            et c’est pourquoi elle choisit de porter dans plus de 70 pays,
                                            dans des  prisons, et  partout où elle  le peut, ses seules-en-
                                            scène.  Elle  y  transmet  des  destins  et  traversées  d’histoires
                                            bouleversantes qui l’inspirent, notamment féminines et fémi-
                                            nistes (Sarah Bernhard, Marie Curie, Joséphine Baker, etc.).
                                            On la voit aussi au cinéma dans des films de Fellini, Lelouch,
                                            ou Chabrol.

                                            Cette année son spectacle Louis Braille, au-delà des yeux se
                                            concentre  sur  l’enfance  tourmentée  mais  lumineuse  de
                                            l’inventeur  célèbre  qui,  de  son  ingéniosité,  répandit  la  lu-


                                                                                                                3
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