Quel Théâtre pour les jeunes ?
Quel Théâtre pour les Jeunes ? Quel répertoire ? Quelles actions ?
table ronde
Christine Lowy, organisatrice et animatrice de la table ronde, nous en fait le compte rendu :
Une vingtaine de personnes se sont réunies samedi 3 octobre lors du festival de Montberon autour de Patrick Séraudie de la Cie Fol avril, d’Émilie Pradère du TNT, d’Yves Gilbert de la Cie Nelson Dumont et de Jean Jacques Mateu de Petit bois Cie, tous acteurs de terrain ou organisateurs d’actions en direction des jeunes. Très vite la parole a circulé autour de la table, les échanges furent riches et le temps trop court. Je vous en retranscris ici une synthèse.
Il a semblé important dans un premier temps de définir ce qu’on entendait par : « jeunes » et de différencier les enfants des ados, le travail avec eux n’étant pas le même. Même si le théâtre n’est pas un champ naturel pour le jeune comme la musique ou la danse, même s il y vient souvent poussé par un adulte ou un copain et qu’il ne sait que rarement ce qui l’attend, il est communément admis que cette pratique, qui agit à la fois sur l’individu et le collectif, est un facteur de transformation, une médiation pour comprendre le monde, nommer l’inconnu, exorciser les peurs, s’inscrire dans une histoire collective.
« Apprendre à jouer, c’est apprendre à vivre, sans le risque de la réalité » disait Winnicoott
Les parents la plupart du temps ne prennent pas en compte cette dimension et inscrivent leurs enfants pour des raisons malheureusement trop souvent utilitaires, quand ils ne prennent pas l’atelier théâtre pour une thérapie… Or nous savons tous que l’enfance et l’adolescence sont des temps d’expériences marquantes qui orientent la vie de l’adulte futur.
Alors faut-il un théâtre spécifique pour les jeunes ? La discussion s’anime et ce que l’on nomme le théâtre pédagogique est unanimement rejeté. La pratique théâtrale n’est pas, ne doit pas être un divertissement « utile », une leçon de bonne conduite, sinon de morale, une imitation des adultes, un faire semblant, mais une pratique artistique au même titre que les autres pratiques artistiques. Faire un atelier jeune ou une action jeune implique donc une responsabilité éducative. Il y a bien sûr une certaine grammaire à apprendre, des outils à maîtriser mais il faut surtout offrir au jeune un cadre de travail ludique qui permette à chacun d’expérimenter des formes personnelles, de créer : dédoubler les rôles, travailler sur le chœur, ne pas chercher de premier et deuxième rôle, bannir le cabotinage, la récitation, privilégier les petites formes … sont entre autres des axes de travail à privilégier sans oublier la notion de plaisir.
Il a été fort justement souligné qu’animer un atelier jeune ne s’improvisait pas. Se former et se former de façon continue, est essentiel.
Faut-il un répertoire spécifique ? Pour les plus jeunes sans doute mais il est important d’éveiller ces jeunes à la réalité qui les entoure, la littérature contemporaine jeunesse connaît en ce sens une évolution spectaculaire. Comme il a été justement rappelé un auteur n’écrit pas pour un public mais parce qu’il a quelque chose à dire qu’il essaie de transmettre en se mettant à hauteur de l’enfant. Là aussi il faut éviter le « pédagogique ». L’École des loisirs, Les éditions théâtrales, Actes Sud….. offrent un large choix. Le TNT propose des valises lecture gratuitement et fait chaque année une action : pièces à lire et pièces à entendre en direction des primaires et des collèges, action finalisée dans les murs du TNT.
Quelles actions ? Quel sens aurait ce travail sans la confrontation au spectacle vivant, sans la fréquentation des œuvres lues et jouées ? Plus on multiplie les expériences plus le jeu se nourrit. Mais il est, là aussi, nécessaire d’accompagner le jeune après la représentation de parler de ce qu’on a vu, ressenti, d’apprendre à dépasser le « j’aime/j’aime pas » pour s’intéresser à la forme artistique choisie.
Nous aurions pu encore discuter longtemps, il y a tant à dire, mais il nous a fallu malheureusement arrêter là nos échanges le temps imparti étant écoulé.