Jean-Pierre Staquet n’est plus
Homme de théâtre, de musique, de fraternité et de culture, Jean Pierre Staquet nous a quittés en septembre 2024. Son ami et membre de sa troupe Dominique Pichoff lui rend ici hommage :
Né à Avesnes dans le nord, son métier d’ingénieur l’amena aux quatre coins du monde, Réunion, Maroc, Rwanda… mais aussi Paris, la côte aquitaine et la Dordogne. C’est pourtant dans le Lot qu’il se fixa définitivement en 2000 et fonda la troupe « Causse Toujours Compagnie » (CTC).
Avec sa mort, c’est tout un pan de la vie locale et culturelle qui est en deuil tant il s’était investi, dans tous les domaines, dans l’animation de sa si vivante « cité de Bélaye» et de sa belle région quercynoise. Il se donna à elle jusqu’au bout pour apporter à ses habitants, et bien au-delà, la culture, la musique et le théâtre en particulier. En un mot, la vie…
Car cet homme aux multiples facettes et talents était d’abord un bon vivant et un humaniste. Doté d’une énergie sans limites, il avait un appétit sans fin, mordait dans tout avec gourmandise et se démenait pour tout… et pour tous. Il fut tour à tour acteur, metteur en scène, chanteur, bricoleur, et avant tout mari, père, grand-père… et ami.
Jeune passionné de Théâtre, c’est au « Cercle Molière » à Avesnes qu’il rencontre Geneviève, sa future épouse. Dès lors, tous les deux ne se quitteront plus, partageant leur vie avec la muse Thalie. Avec eux, la troupe « Causse Toujours Compagnie » de Bélaye donnera un peu partout plus de 15 pièces, de « l’Atelier » de J.C. Grumberg à « Des justes » de Daniel Keen, de Shakespeare et Becket à Tchekhov et Giraudoux entre autres, certaines de ces pièces étant mises en scène par Jean Pierre lui-même.
Jean Pierre cultivait donc les talents. Eclectique personnage, ce musicien amateur, clarinettiste et basse de la Chorale de Cahors se mettra un jour à la poésie et chantera un peu partout et avec succès, les grands poètes, ainsi que des textes personnels, mis en musique par son ami compositeur Claude Préchac, avant de trouver un nouveau plaisir dans l’ensemble vocal « ENVOL » sous la direction de Cécile Cardinot.
Gravement malade depuis deux ans, Jean Pierre se battra jusqu’au bout avec une énergie folle, allant même jusqu’à monter deux fois sur scène dans la même journée, chantant la Renaissance l’après-midi et incarnant le soir un « Des justes » dans la pièce adaptée de l’oeuvre de Daniel Keen. Mais en fait, son dernier rôle, le meilleur, ce fut “Le roi se meurt… mais ne le montre pas ». Un rôle long et sans fin, au point qu’on aurait presque pu croire Jean Pierre éternel et vainqueur… ! Il se savait, et nous le savions, pourtant perdu… Chapeau l’artiste ! Quelle force, quelle abnégation ! Et quel amour incommensurable de la vie !
Adieu l’ami. Tu nous manques. Mais sois sans crainte, nous continuons…